La restauration du relevé du « Grand Dieu » de Séfar
L’exposition Préhistomania ouvre en novembre mais les équipes s’activent déjà en coulisse et s’attèlent à la restauration d’une de ses œuvres majeures : le relevé du « Grand Dieu » de Séfar.
À partir du 17 novembre 2023, l’exposition « Préhistomania » présentera de sublimes relevés, ces peintures qui reproduisent des œuvres peintes ou gravées sur les parois des grottes. Pas moins d’une cinquantaine de ces chefs-d’œuvre exceptionnels seront à découvrir, dont la célèbre fresque du « Grand Dieu » de Séfar.
Le « Grand Dieu » de Séfar, un joyau du Tassili n’Ajjer
Entre 1956 et 1962, l’ethnologue Henri Lhote (1903-1991) mène quatre expéditions dans la région du Sahara central. Ses relevés portent à la connaissance du public de magnifiques fresques du Tassili n’Ajjer. Les peintures rupestres dévoilent des personnages mystérieux pouvant atteindre jusqu’à 6 mètres de hauteur ! Lhote les baptise « Grands Dieux ».
La fresque du « Grand Dieu » de Séfar, ancienne cité située au cœur du massif montagneux du Tassili, fait partie des relevés les plus connus de Lhote. L'œuvre originale est datée d’environ 10 000 ans.
Le personnage central, le « Grand Dieu », attire l'œil avec ses 3 mètres de hauteur. Sans parler des cornes sur sa tête qui font de lui un être hybride. Autour de cette créature divine, des humains et des animaux viennent compléter la composition de la fresque.
Son sens reste encore une énigme de nos jours, mais certains spécialistes y voient une ode à la fertilité.
Les relevés de Henri Lhote au Musée de l’Homme
Le Musée de l’Homme conserve environ 1 200 relevés réalisés par Henri Lhote dans le Tassili n’Ajjer. Une collection unique au monde, Lhote ayant été le seul à constituer un répertoire aussi complet et détaillé de la région.
Cet ensemble de relevés offre un témoignage précieux sur les peuplements préhistoriques du Sahara algérien et sur la région elle-même. En effet, elle a longtemps été pensée comme inhospitalière, alors qu’à cette période, son climat tropical lui permettait d’accueillir une faune et une flore foisonnante.
La restauration : un processus délicat
Les relevés ont été réalisés sur des rouleaux de papier Montgolfier - aujourd’hui papier Canson - qui peuvent atteindre plusieurs mètres de longueur. Ils sont donc conservés enroulés autour de mandrins cylindriques et protégés par un conditionnement en plastique.
Entreposés dans les réserves depuis près de 70 ans, ils subissent les usures du temps. Les dérouler après des années de conservation est un processus délicat qui nécessite l’intervention de spécialistes en restauration d’œuvres sur papiers. Rappelons aussi que les relevés ont été réalisés dans de rudes conditions : dans le désert, à même le sol, sur les parois ou à l’aide de tréteaux de fortune.
L’une des premières étapes de la restauration consiste alors à dépoussiérer le papier. Ensuite, il est nécessaire de consolider les zones affaiblies ou déchirées ; retirer les éléments qui ont servi à consolider les bords du relevé mais ont également contribué à le gondoler ; et enfin, effectuer des retouches aux endroits où la couche picturale s’est estompée avec le temps.
Après la touche finale, rendez-vous dès le 17 novembre pour admirer le relevé fraîchement restauré du « Grand Dieu » de Séfar dans l’exposition « Préhistomania » !